Exposition Alberto Castillo 7 septembre/3 novembre 2013

 

 

Alberto Castillo : Faites votre jeu !

 

Bien que venant de Châteaubriant, Alberto Castillo amène avec lui un parfum latino puisqu’il est né au Mexique. Il nous présente ici son projet « Loteria » qui a bénéficié de la Bourse d’Aide à la Création de la Région Pays de la Loire en 2009. C’est la première fois que le projet est exposé dans son intégralité.

La loterie mexicaine, destinée à une population parfois illettrée, repose sur des cartons d’images emblématiques représentant, dans un graphisme simple et coloré, des objets, des animaux, des personnages et même des sentiments. Pour nous, c’est un peu un mix entre le loto et le tarot. Le tarot sert au jeu et à la divination. En fait, celui qui sert aux cartomanciennes, dit tarot de Marseille, est constitué de figures symboliques, moyenâgeuses et ésotériques par leur caractère secret. Le tarot de Marseille a été une amorce pour l’écriture et l’inspiration des surréalistes. Et quand André Breton a fait son voyage au Mexique en 1938, il est tombé sous le charme de cette culture à ses yeux furieusement surréaliste. Car ces images, dont celles de « la Loteria », ne sont pas destinées aux initiés mais au peuple : au secret et la morbidité du tarot, répondent l’affichage public et les concerts d’exclamations de « la Loteria ».

En droite file des surréalistes, Alberto Castillo s’est donc emparé de l’imagerie de « la Loteria » pour développer sa propre interprétation. Des cartes dessinées, il tire des photographies. Des couleurs vives, il sort le noir et blanc. Jouant sur l’ombre et la lumière, sur la suspension de l’objet dans l’espace, sur son inversion (objet rêvé, perte de repère), sur l’assemblage, le hasard, les accidents d’installation, il donne à voir ce que le mot lui suggère avec toutes les implications de son être.

C’est donc un va-et-vient de références et surtout une démarche plasticienne qu’il faut retenir. Du grenier à souvenirs vont émerger des silhouettes comme celles du « Soldat » évoquant notre guerre 14-18. Composition d’objets, natures mortes, donc, mais aussi constructions manuelles de formes en papier, comme celles de « l’Oiseau » et du « Scorpion », land art pour « l’Araignée », fil de fer, découpages et enfin cadrage… Voilà les souvenirs, les images de l’inconscient, les références culturelles mis en scène par les icônes de « la Loteria ». Alberto Castillo se les réapproprie par le geste photographique, fraction du temps, qui le fait acteur de sa propre histoire.

Oui, ce sont des images « chargées » par le temps et l’espoir. Et il serait vain de vouloir recenser les références car ce n’est pas le but du jeu.

Le jeu, justement. Il existe des formules populaires du genre : « ce n’est pas du jeu », « il a gagné le gros lot », « c’est une loterie », « j’ai des atouts dans la manche », et c’est bien à ce jeu que nous convie Alberto Castillo : le grand jeu de la vie.

Michel Amelin

 

Exposition ouverte du 7 septembre au 3 novembre 2013, les samedis et dimanches de 15h à 18h, ou sur rendez-vous en contactant Mélanie Le Page, médiatrice du Centre d’art, au 02 40 98 08 64.

 

À découvrir : la page dédiée à l’artiste

 

Télécharger l’édition du Centre d’art / exposition Alberto Castillo