Exposition Dominique Bonneval / 2006

 

 

PEINTURES DE DOMINIQUE BONNEVAL

Après avoir vécu longtemps à Angers où elle a fréquenté les Beaux-Arts, Dominique Bonneval habite maintenant en Vendée depuis une dizaine d’années. Pour la dernière exposition professionnelle de l’année du Centre d’art, elle nous présente sa production d’une année entière.

Elle travaille essentiellement sur papier qu’elle maroufle ensuite sur toile. C’est un kraft solide qu’elle pose sur le sol et qu’elle peint, accroupie pendant de longues heures. Cette position lui permet de mieux contrôler sa peinture et d’avoir un rapport plus physique. « C’est ma cuisine » dit-elle. Ces œuvres accrochées verticalement ont donc été conçues sur plan horizontal, comme pour être plus proches de la terre et des racines qui s’en nourrissent.

Ici, Dominique Bonneval nous a livré son motif de départ : la baguette de pain, dont le motif orne le papier d’emballage de sa boulangerie, motif qu’elle découpe chaque jour et qu’elle empile soigneusement. Elle n’a pas utilisé ces papiers comme elle le pensait au départ mais a retenu la forme de la baguette-feuille qui s’est conjuguée ensuite à celle de l’arbre.

L’arbre à baguette est donc né et, par déclinaison, l’arbre à collier a suivi. Arbre-nourriture, donc, mais aussi arbre-ornement. Arbre masculin et arbre féminin. Arbre-chapelet aussi, ceci pour donner à ce motif une importance plus ancestrale que religieuse. « Le sujet ou le motif, nous dit-elle, est un prétexte choisi qui s’impose. »

Personne ne peut pénétrer dans l’inconscient d’un artiste mais, grâce à son art, il sait nous ouvrir la porte sur ses perspectives et ses rêves. D’emblée, dans l’agencement des formes de Dominique Bonneval, dans le choix de ses couleurs, dans la grande construction de ses formats, on s’immerge dans un monde bien à elle, où l’exotisme rencontrerait le jardin à la française, où la savane serait cultivée. Un monde où, dans la première pièce de l’exposition, le rêve émane de ses personnages qui font « la sieste à l’ombre ». Un monde qui se retrouve dans ses « corps lecteurs » nom qu’elle a donné à ces troncs d’arbres, devenus formes humaines lisant. Ainsi, par ce va-et-vient constant entre la terre, la nourriture, l’ornement,  et enfin l’homme qui accède à la connaissance par le livre et le rêve, Dominique Bonneval  traite de l’évolution de notre monde. Un monde pas encore détruit mais un monde qui se construit.

Elle nous prouve sa foi en l’homme. N’a-t-il pas poussé sur terre comme le font les arbres ? Ne plonge-t-il pas ses racines dans le passé ? À nous d’ouvrir les yeux et de nous laisser capter par ce regard qui nous renvoie à la nature dont nous sommes issus.

Michel Amelin