Exposition Josse/Alary/Silem 2006

 

 

LA GRAVURE CONTEMPORAINE AU CENTRE D’ART DE MONTRELAIS

C’est en hommage au grand graveur romantique, Rodolphe Bresdin né à Montrelais en 1822 et mort à Sèvre en 1885, que le Centre d’art de Montrelais par l’intermédiaire de son programmateur, l’artiste Claude Colas, a invité les trois peintres graveurs, Monique Josse, Claire Alary et Ali Silem.

Ces trois artistes  nous prouvent combien la gravure est aujourd’hui moderne et riche et qu’elle allie, désormais, une totale liberté de techniques et de motifs pour notre plus grand plaisir, et ceux des artistes, bien entendu.

C’est donc à un festival de variantes et de créations que nous convie le Centre d’art à travers un parcours très coloré dans ses pièces peintes en blanc. Par delà le temps, depuis les œuvres sombres de Rodolphe Bresdin, Claire Alary, Ali Silem et Monique Josse qui, tous s’accordent sur le fait que la gravure, malgré ses contraintes, offre un fantastique espace de liberté, se sont attachés à nous faire entrer dans leurs visions d’artistes.

Avec les autoportraits de Claire Alary ainsi que sa magnifique série « Fleur de Chair » inspirée par son voyage au Mali ; les instantanés orientaux d’Ali Silem ou la calligraphie sert de base à un travail sur le motif et la texture ; homme debout et oiseaux pour Monique Josse qui crée elle-même ses papiers et ses encres, la gravure qu’elle soit en creux ou en relief, est devenue un choix d’artiste et donc une expression à part entière.

Délivrée de son carcan de la stricte reproduction démocratique dans lequel on avait tendance à l’enfermer puisque c’était le seul moyen d’imprimer une image, y compris dans les livres et magazines, jusque dans les années 1920, la gravure explose de couleurs et de richesse, fait éclater ses formats. Forts de l’inspiration puisée parfois à des sources lointaines, Monique Josse, Claire Alary et Ali Silem s’attachent à rendre à la gravure son statut de création à part entière. La reproduction n’est pas une finalité en soi. Comme le dit si bien Ali Silem « la gravure demande 50% de création et 50% de cuisine ». L’artiste se lançant dans les répliques se transforme alors en artisan. Le rapport à l’œuvre, en effet, n’est pas le même.

Un tableau sera construit par l’artiste dans un rapport face à face, tandis qu’une gravure sera travaillée à plat.

Le rapport à la gravure est plus charnel, on incise, on gratte, on presse et surtout le résultat est toujours étonnant. L’artiste se retrouve ainsi dans le rôle de son premier spectateur quand il découvre l’œuvre qui est en fait, inversée par rapport à sa conception.

Pourtant, loin d’être un étouffoir avec ses contraintes techniques, nos artistes expliquent que la gravure s’avère au contraire un espace de liberté. Ils peuvent jouer sur les couleurs en passages successifs, mais aussi sur la matière, les produits employés, le papier, les encres… qui tous peuvent être modifiés, voire inventés !

Michel Amelin