Exposition « Textiles » / 2007

 

 

LAURENCE MARIE / NADINE ALTMEYER / MURIEL CROCHET

Pour l’ouverture de sa saison 2007, le Centre d’art de Montrelais a accueilli  trois artistes dites « textiles »…

Avec elles, nous entrons dans une facette de l’art peu montrée dans notre région.  Angers reste l’un des rares pôles art textile grâce à la Tapisserie de l’Apocalypse au Château, celle de Jean Lurçat ainsi que son Musée de la Tapisserie qui expose les oeuvres de Grau-Garrigua, de Thomas Cleb et organise l’expo mondiale des mini-textiles tous les quatre ans. Montrelais profite ainsi de cette proximité pour une exposition originale.

Laurence Marie a fait des études de licière à Aubusson. Elle nous livre ici, dans la première salle en bas et dans la salle du milieu en haut, le résultat d’une démarche poétique. Utilisant une nouvelle technique, Laurence Marie se sert de Tarlatane, un tissu pour la gravure, qu’elle découpe, teint et travaille au crochet. En haut, le vaste bouquet d’osiers dépouillés entourés de fils diaphanes a été réalisé pour Montrelais. « Le temps d’une ronde » est un cycle de la vie et des saisons au socle taillé dans l’ardoise : hymne à une végétation tissée. En bas, elle utilise le blanc et l’encadrement pour une recherche plus graphique : rameaux tissés qui peuvent rappeler les fameuses couronnes de fleurs d’oranger de nos anciennes mariées que l’on mettait sous globe…

L’art textile s’est imposé à Nadine Altmeyer après sa sortie des Beaux-Arts. Fascinée par les possibilités techniques du tissage, elle s’est détachée de plus en plus de la surface plane et classique pour former des volumes. Au fil du temps, au fil des ans, elle tisse le lin, le métal, l’écrase, le ponce, le peint. Elle nous dit que « la joie ne vient pas en tissant mais quand c’est tissé ». Dans une recherche perpétuelle, elle est arrivée, à partir de l’idée du masque, à ces formes qu’elle appelle « armures » et dont vous verrez des exemples dans la dernière salle du haut. Il se trouve aussi que le terme « armure » est un terme technique : c’est la répartition des fils qui définit le point de tissage. Ainsi, du terme primitif, elle arrive à l’œuvre interprétative. Même démarche avec ses toiles « battues » que vous verrez dans l’entrée et qui nous inspire des idées de peaux, de terre et de scarifications. En Polynésie, nous a-t-elle dit, on écrase des écorces jusqu’à en faire des « tissus de fibres » dits « écorces battues ».

Muriel Crochet, se souvient de ses moments d’enfance où l’ennui, plein de rêveries, la conduisait à observer les motifs des papiers peints et les insectes qui s’y posaient. Des abeilles coincées sous les verres et des papillons mis en boîte, elle a tiré l’univers que vous découvrez ici, dans le couloir du haut et la première salle. Un univers où l’insecte s’échappe, vole hors de son motif, hors de son cadre pour se faire prendre parfois dans une petite bouteille. Travaillant le vide et le plein grâce au Tricotin mécanique, elle scanne, imprime, brode parfois ces fonds de boîtes et à partir de bouts de tissu, de galons, de rubans, elle détisse, tire les fils, rebrode avec des fils d’or ces mini compositions qui sont comme autant de mouches pour truites grand luxe et haute couture.

Ces trois artistes sont parvenues à transformer le Centre d’art grâce à leurs productions étonnantes. Elles nous prouvent combien l’art textile est un art vivant et plein d’innovation. La trame, le fil, l’acte de coudre, de tisser, de broder se conjuguent maintenant à l’art de teinter, de découper, de tordre, de mettre en scène, de sortir des limites. Bref, elles nous prouvent que l’art textile est un art total, riche, poétique qui a sa place parmi les autres.

Merci à elles pour cette découverte.

Michel Amelin