Exposition Monique Tello / 2007

 

 

MONIQUE TELLO : LES TRACES D’UN INCESSANT PARCOURS

Monique Tello a foi en la peinture et celle-ci prend racine dans la terre nourricière, dans la roche, pour s’élever vers l’azur éthéré. Au début, elle a marqué la moitié inférieure de ses œuvres de blocs et de masses de façon à traiter, entre ces blocs, la sinuosité lumineuse conduisant à l’espace supérieur marqué souvent de bleus. Ces paysages pourraient être des plans, mais c’est le déplacement autour des masses qui l’intéresse. Un déplacement qui ne peut être que suggéré par un trait, voire un retour, un piétinement, comme des traces laissées sur la plage autour d’un rocher.

Le mouvement, voilà le mot-clé de Monique Tello. Par ce mouvement, par l’emploi de motifs récurrents, elle cherche à capter cette énergie que certains pourraient qualifier de divine et qui est celle de la terre vers le ciel. Monique Tello a découvert dans un récit de Marco Polo celui d’un oiseau fabuleux de l’océan indien, un oiseau-roc au milieu de l’eau. Une gravure hollandaise montrait cet oiseau soulevant ou lâchant un éléphant. Ainsi, à travers ce mythe, Monique Tello a-t-elle senti un nouveau support à cette liaison entre la masse et l’éther, entre le plein et le vide, la terre et le ciel, la pesanteur et l’ascension.

L’ascension. Mettez-lui un A majuscule et vous aurez le thème religieux que l’on rencontre forcément quand on aborde ce lien entre le ciel et la terre. Ici, l’oiseau n’est qu’un mot pratique. Il pourrait être nuage, fumée, feuille envolée, ange ou Christ. Autre motif : la feuille de figuier. Feuille-main, feuille-jus, d’un fruit à la chair rouge que l’on fend. Feuille biblique, qui se décline au pochoir en couleurs sourdes et joyeuses, porteuses de vie, encadrant des réseaux de lignes rouges foncés comme le sang où se devine parfois une figure.

Monique Tello nous montre combien l’art contemporain sait se réapproprier la question que seule les humains peuvent se poser : avons-nous une âme ? Sa réponse est oui.

Michel Amelin