Exposition Pierre Antoniucci / 2009

 

 

PIERRE ANTONIUCCI

Avec constance, Pierre Antoniucci produit une œuvre éloignée de tout effet de mode, dans laquelle apparaît à la fois le plaisir de peindre et le souci de réfléchir le tableau. On peut y retrouver les genres picturaux «traditionnels» : portraits, natures mortes, paysages, scènes à figures, notamment à travers les thèmes abordés dans des séries telles que les chevaux dessinés au bitume, l’atelier circulaire, les machinales, les vortex… La composition initiale, à l’encre à peine visible, permet de situer les objets principaux, de positionner les images et les matières qui, éventuellement, sont marouflées sur la toile. La peinture va ensuite tout recouvrir et donner sa légèreté à l’ensemble, faire apparaître la clarté des fonds, faire vibrer l’espace, renforcer l’intensité colorée des objets.

Dans chacune de ses œuvres, tous les éléments de la composition picturale (formes, plans, figures, textures, couleurs, tactilité…) sont re-questionnés. Antoniucci affirme le geste pictural, le jeu des formes et des matières, l’enfouissement ou l’éclatement des images, les possibilités de métamorphoses.

À partir d’une composition, un tableau peut apparaître par résonance, par répétition, décalage, rotation, glissement, basculement, renversement…, faisant émerger de nouvelles couleurs ou matières, de nouveaux espaces.

Par rapport aux œuvres antérieures, les tableaux actuels comportent des fonds plus vibrants, et supportent moins de motifs, la priorité étant donnée à l’apparition de quelques objets. Ils semblent plus légers – la matière étant plus ponctuelle – mais plus puissants, simples, exprimant des gestes plus brefs.

Antoniucci nous fait entrer dans la proximité, dans la beauté de ces choses ordinaires qui ont perdu leur fonction, qui n’ont plus d’utilité, mais qui sont devenues belles « en elles-mêmes », avec le temps. Les objets de ses tableaux sont des rappels à la vie, comme ceux qu’on peut voir sur les fresques de Pompéi, ou dans ce que les peintres japonais du XVII ème siècle appelaient des « objets tranquilles ».

Bernard Lamarche-Vadel avait très tôt montré combien, dans l’œuvre d’Antoniucci, une vision plastique européenne, fondée sur l’histoire de l’art, peut être mise à l’épreuve de la modernité.

P. A.

 

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