Exposition Sornique & Rouzié / 2009

 


Le corps dans tous ses états

Ce couple de professeurs des Beaux-Arts réside en Région Poitou-Charente. Ils ont exposé seuls ou en commun, à Poitiers, Niort, Paris, Ivry mais aussi au Japon, au Canada, en Slovaquie, en République Tchèque et maintenant à Montrelais !

Corps, Attitudes, Portrait, mais aussi Duplication de l’œuvre sont leurs mots-clés.

Hervé Sornique dans ses motifs de kilims sur papier noir et brillant, met en évidence sa réflexion sur l’Angle dans les œuvres. L’Angle devient carré et comme il y en a quatre, ils se focalisent sur le sujet comme un diaphragme d’objectif photographique. Cette réflexion est conceptualisée dans les tous petits tableaux mis quatre par quatre au premier étage. Les angles deviennent œuvres, ils ont leur entité et prennent une autre dimension en étant accolés.

L’ouverture du diaphragme sert « à faire varier la quantité de lumière entrant dans un appareil photographique »nous dit le Larousse. Ainsi, le papier surexposé devient noir tandis que la blancheur de la lumière pure, absorbe toute couleur. La série de portraits « tirés » sur papier noir rend hommage à la photographie. Certains sont des portraits d’autoportraits, comme celui de Chardin ou de Goya, des portraits de photographies (Avedon), des portraits d’anonymes, des portraits inventés et chacun a été dupliqué par pressage d’une autre feuille noire sur la peinture fraîche. Ces répliques n’en sont plus vraiment puisque le portrait se schématise, se stylise, les traits visibles n’étant plus que les traits essentiels. A ces portraits différents, répond la série de toiles, au motif récurrent de l’homme debout, bras tendu, devant la femme assise sur une chaise. Geste de protection ou de menace ? Chacun l’interprétera à sa guise. Tout comme dans cette autre recherche, plus récente aux grandes toiles blanches ou des êtres mi-humains, mi animaux dessinés au fusain, se livrent à des chorégraphies étranges. Il y a des êtres féminins, masculins, déguisés, qui se parlent, qui posent, qui dansent. Illustrations, fantasmes, souvenirs de cartoons ?

Cette série nous permet une transition vers l’œuvre de Dominique Rouzié qui travaille, elle, sur le corps et son animalité. Déjà, dans la petite pièce du bas, vous pourrez voir, les empreintes de ces corps en gravures, puis dans les petits bronzes installés sur des sellettes design dans le couloir. Ces bronzes coulés à la cire perdue, l’ont été dans des empreintes de petits squelettes dont on retrouvera le processus de fabrication dans la magnifique installation du grenier.

Dominique Rouzié fabrique des petits squelettes improbables avec des bout d’os animaux mangés, squelettes qu’elle photographie, qu’elle baptise d’un prénom et d’un nom, d’une date de naissance, puis qu’elle enveloppe d’une chair à base de mousse expansée recouverte de graphite liquide. La créature est ensuite radiographiée pour rendre visible de nouveau ce squelette disparu mais qui n’en constitue pas moins la charpente. Toutes les étapes sont présentes dans le grenier dans une mise en scène habile : les photos à côté de l’évier, renvoient aux êtres dans les boîtes en verre, qui renvoient aux radiographies des caissons lumineux.

De quoi sommes-nous faits ? Quelle est notre part d’animalité ? Par qui sommes-nous engendrés et qu’est-ce que nous engendrerons ? Qu’y a-t-il sous le masque de notre portrait ? Et que veulent dire vraiment nos attitudes et nos gestes ? Autant de questions intéressant notre couple d’artistes que nous remercions d’avoir posées ici d’une façon aussi étonnante.

Michel Amelin