Angélique Lecaille

 

Les dessins monumentaux d’Angélique Lecaille invitent à contempler des paysages situés aux abords du monde. Ciels nébuleux transpercés de lumière, montagnes rocheuses aux arêtes acérées, absence de figures humaines et perspectives vertigineuses ; dans son œuvre, le grandiose côtoie le fantasmagorique.

Ce travail de dessin d’une extrême précision s’accompagne de sculptures de métal et de bois brûlés ou noircis qui viennent prolonger ces interrogations sur l’espace et la transformation de la matière. Ces scènes en dehors du temps permettent alors à Angélique Lecaille de poursuivre une recherche approfondie sur la notion de paysage, les croyances et mythologies qui lui sont rattachés, mais également les phénomènes naturels qui l’ont façonné et les découvertes scientifiques qui l’ont accompagné.

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme». Angélique Lecaille pourrait ainsi faire sienne la célèbre formule d’Antoine Laurent Lavoisier lorsqu’elle questionne les multiples processus de transformation du paysage au fil des siècles et des millénaires que ce soit de façon naturelle ou par l’influence de l’action humaine. Le choix de ses matériaux n’est en rien anodin et fait précisément échos à ces interrogations : souches de bois datant de 6500 ans en voie de pétrification (fossilisation), éclats de météorites vieux de 5000 ans, bois brûlé et sablé en sont autant d’exemples. Dans une tension permanente entre observation scientifique et éloge du sensible, Angélique Lecaille ouvre une brèche, un espace entre fictionnel et documentaire permettant d’approcher la complexité de nos liens avec la nature. Pour l’exposition « Le temps d’un dernier souffle », elle s’attache notamment à observer le phénomène des météorites et toute la culture savante et vernaculaire qui les entoure. L’artiste évoque ainsi Campo del Cielo, un groupe de météorites tombées il y a 5000 ans dont on a retrouvé une centaine de fragments en Argentine. De nombreux mythes et croyances des peuples autochtones se sont fondés autour de ces vestiges qui constituent également un sujet d’études scientifiques majeur depuis des siècles. Le plus gros, El chaco, pèse 37 tonnes et il s’agit de la plus grosse météorite connue sur terre. Ce fragment fait aujourd’hui partie du patrimoine national argentin.