Exposition Martinet & Texereau du 1er avril au 3 juin

 

Los Angeles – Lecture parallèle

Dans leurs dessins, Pauline Martinet et Zoé Texereau parviennent à sublimer le prosaïsme du quotidien par un habile mélange alliant précision clinique et poésie charnelle. Le duo travaille ensemble selon un protocole rigoureux et répété. Chaque série débute par des moments d’arpentages et de flâneries, à la recherche du bon décor et de la lumière adéquate pour parvenir à cet équilibre. Il en résulte des scènes où planent une tension faussement tranquille. Après ces étapes de repérages et de prises de vue s’ensuit le temps de l’atelier où les artistes planchent minutieusement et tour à tour sur leurs dessins.

L’exposition  Los Angeles – lecture parallèle est l’occasion de découvrir une série inédite réalisée lors d’une résidence de trois mois durant l’hiver 2017 dans la ville californienne.

Dans leur œuvre, Pauline Martinet et Zoé Texereau s’attachent à montrer et décliner des espaces latents, où l’inaction devient sujet et guide le récit. À l’instar des ouvrages de Marguerite Duras où toute la tension romanesque se cristallise dans le non-dit et les sous-entendus, les artistes se plaisent ici à scruter chaque non événement, chaque lieu commun pour mieux pointer ce qu’ils révèlent en creux. Car chez Martinet & Texereau, l’humain brille par son absence et tout évoque sa présence fantomatique, les traces fugaces d’un départ récent sont distillées dans chaque recoin de l’image. Ainsi, toute leur œuvre converge vers cette énigmatique question : que voir au delà de l’ordinaire ? C’est à partir de cette interrogation que se dessine un univers où le faux-semblant est roi. Façades géométriques, décors de jardins soignés, parterres impeccables, les éléments présents dans leurs dessins se déploient comme autant de signes d’une quiétude surjouée, d’un exotisme factice et concourent à nous interroger sur les notions de décors et de mise en scène de ces espaces homologues qui rythment nos vies. Que dissimule le conformisme de ces espaces trop lisses et composés ?

Le titre Los-Angeles – Lecture parallèle suggèrent l’ébauche d’une dualité au sein de l’exposition. Deux univers, d’apparences semblables, qui se frôlent mais ne se mélangent pas. Dans un premier temps, la série Bonjour tristesse , clin d’oeil espiègle au célèbre roman de Françoise Sagan, se fait l’écho d’une intimité. Espaces intérieurs, lumières zénithales et cadrages resserrés constituent le canevas de ces images. Les dessins évoquent des situations familières, fragment de la vie des artistes ou peut être de celle de leurs protagonistes absents. Comme un contrepoint à cette atmosphère feutrée, la série réalisée à Los Angeles s’ouvre sur des plans plus larges, figurant plusieurs extérieurs nocturnes. C’est un rapport plus distancié au quotidien qui s’élabore sous nos yeux. Ici, nous restons au seuil des habitations, les fenêtres sont parées de rideaux et les voitures sont bâchées. Les scènes forcent l’imagination, nous obligent à postuler sur les raisons de ce calfeutrage. La profondeur mélancolique qui se dégage de ces paysages pavillonnaires concoure à faire éclore un sentiment d’inquiétante étrangeté qui veille, contrastant avec

l’image stéréotypée d’une Los Angeles bouillonnante et baignée de soleil que l’on se figure habituellement. C’est dans cet état d’entre-deux, oscillant entre bienveillance légère et décalage ironique que nous maintient la poésie visuelle de Pauline Martinet et Zoé Texereau.

Exposition ouverte du 1er avril au 3 juin 2018, les samedis et dimanches de 15h à 18h, ou sur rendez-vous en contactant Antoine Dalègre, médiateur du Centre d’art, au 02 40 98 08 64.

Les salles sont accessibles aux personnes à mobilité réduite

site des artistes

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Dossier de Presse de l’exposition