Exposition Olive Martin / 2012

 

 

Affichage des Correspondances

 

La plasticienne Olive Martin expose des travaux photographiques issus de sa résidence d’Artiste sur le Pays d’Ancenis, en regard d’une série sur sa résidence à La Garenne Lemot sans oublier son intriguant corpus de photos noir et blanc, ambiance années 50, intitulé « Après le Thematic Apperception Test ».

 

Pour Olive Martin, Montrelais n’était que ces lignes de couleurs vertes et ces façades flash que le TGV traversait en vitesse quand elle se rendait de Nantes à Paris. Au terme de déambulations dans le bourg, elle a été frappée par cette ligne de chemin de fer qui l’entaille et le coupe. La gare a disparu, les arrêts ne sont plus marqués depuis longtemps. L’ancien passage à niveau est devenu un passage sous-niveau et c’est celui-ci qu’Olive Martin a photographié dans son triptyque. La correspondance SNCF est devenue celle de ce tunnel entre « la cité » et le bourg ; murs gris, pan incliné, rampe, traces repeintes. C’est une grotte avec des graffitis quasi rupestres ! Idem pour ces « notes photographiques » sur Montrelais ou la perception de l’eau qui gorge les bas de portes rappelle les crues de la Loire et la boire restaurée.

 

Autres correspondances dès l’entrée de l’exposition. Un double portrait de la série du « test d’aperception thématique » dont l’un des modèles semble regarder une série de quatre photos réalisées par un groupe des scolaires. Les élèves correspondaient par internet et s’envoyaient une photo à laquelle les autres devaient répondre selon la formule surréaliste du cadavre exquis. Mises en scène d’enfants, genre marabout’d’ficelle, que les autres devaient interpréter et enrichir. Mais, aussi, reprise d’éléments comme un tronc d’arbre ou un membre faisant lien dans l’unification du décor scolaire (bâtiments symétriques, carrelage, blanc des mur, vêtements des enfants). Voilà un ingénieux protocole d’artiste qui a servi de déclencheur d’apprentissage à voir et à construire une image photographique dans un processus d’échange très pédagogique.

 

Il y a aussi la correspondance interne de la série « Après le Thematic Apperception Test » entre le passé et le présent. Explication : ce test, dit aussi TAT, est le pendant figuratif de celui des fameuses taches non figuratives de Rorschach que les psys montrent à leurs patients comme support de projection et d’interprétation pour une aide au diagnostic. Mis au point dans les années 40 aux U.S.A., le TAT est constitué de photos de personnes en situation qui « mettent en lumière la complexité des conflits psychiques et des relations interpersonnelles ». Ces photos mises en scène du TAT sont toujours utilisées avec leur grille de lecture formelle : retouchées, recadrées, repeintes, dessinées, retravaillées comme de la pâte à modeler. Secrètes, car destinées seulement aux professionnels, elles circulent maintenant sur le net. Un psy en a fait cadeau à Olive qui a mis au point un protocole strict (comme adorent le faire les photographes) pour réinterpréter les scènes présentées.

 

Ainsi « l’Affichage des Correspondances » traduit-il non seulement les relations entre les productions de l’artiste, mais aussi à l’intérieur de l’œuvre elle-même. Sans doute faut-il voir dans ce regard, le désir de dépasser l’instantané de la prise de vue. Car, c’est le paradoxe, la photographie fixe et immobilise même quand elle saisit le mouvement. Olive Martin, par ces correspondances, s’évade donc de la pose photographique. Ses diverses ramifications mises en scène ne sont pas seulement intellectuelles mais vérifiables dans l’espace et le temps.

Michel Amelin

 

Exposition les samedis et dimanches du 5 mai au 1er juillet 2012, de 15h à 18h.

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