Exposition Ecole de Lorient 4 juillet / 30 août 2015
Sous le nom d’Ecole de Lorient Patrick Le Corf, Guy Le Meaux, Yves Noblet, issus d’une promotion d’élèves de l’Ecole des Beaux Arts de Lorient, dans l’atelier de Gérard Gautron, ont choisi de maintenir un lien entre la peinture et l’histoire.
Progressivement leur expérience les a rendus conscients du problème de transmission et de survie de l’héritage du passée ; question centrale, obsédante, de la culture occidentale et moteur de son développement.
Antiquité de la peinture, en effet un monde nous précède. Du fond du temps, oeil, cerveau, main, mémoire, traces, signes, la figure originelle de la peinture est selon la belle expression de Victor Segalen souffle du passé. La peinture commence sur fond de mémoire des peintures antérieures. Elle est l’entrée dans une histoire qui se répète de génération en génération, l’acceuil du souvenir de ce qu’on ignore, une forme de survivance.
Pour Patrick Le Corf, Guy le Meaux, Yves Noblet, le geste hérité d’aller à la profondeur est un trait essentiel de leur engagement. Ce geste fonde une saisie du réel par la franchise d’un dessin intérieur de la substance de la peinture. En effet, le rapport à l’objet qu’ils se proposent de peindre exige une intériorisation qui ouvre l’imitation. Cette ouverture n’exclut pas la ressemblance. C’est travailler la ressemblance au coeur du motif, dans la chair de la peinture, comme un drame et non comme l’effet d’une technique mimétique.
La figuration est alors plongée par l’acte de peindre dans une épreuve de déformation relative qui fait trembler la permanence de son aspect dans un jaillissement singulier. La ressemblance est ainsi portée vers une autre ressemblance. Figuration ouverte au creusement du visible, à l’être-dessous, au pathos, au rêve, elle inclut la puissance du négatif dans un travail de d’éploiement et de condensation de la forme, de déplacement.
Un autre point essentiel de leur esthétique est la répétition, la répétition comme technique compositionnelle. Répétition souvent conduite sur des formats identiques. Bien sûr, ils n’ont pas inventé ce concept : Delacroix, Cézanne, Monet, Van Gogh … mais déjà au paléolithique la Grotte Chauvet, Lascaux… au néolithique les gravures de Gavrinis, des Pierre-Plates… déroulaient leurs représentations selon ce principe. Mais qu’est-ce au fond que la répétition ? Elle n’est pas le retour de l’identique, mais sa forme et sa nouveauté sont le retour en possibilité de ce qui a été. Répéter une chose, c’est la rendre à nouveau possible. C’est ici que réside la proximité entre la répétition et la mémoire.
Pour ces trois peintres de l’ Ecole de Lorient, la sensation comme travail, la répétition comme technique, la mémoire comme héritage composent l’acte de peindre, une véritable gageure ces heures de table rase et de virtualités mondialisées.
Cette exposition a été organisée en partenariat avec la Maison Gracq de Saint Florent-le-Vieil. Un catalogue de l’exposition a été édité à cette occasion, préfacé par Michel Collot, enseignant, poète et écrivain, auteur chez Acte Sud de « la Pensée Paysage » (2012).
Catalogue en vente au Centre d’art et à la Maison Gracq.
Exposition ouverte du 4 juillet 2015 au 27 août 2015, du mercredi au dimanche de 15h à 18h, ou sur rendez-vous en contactant Antoine Dalègre, médiateur du Centre d’art, au 02 40 98 08 64.
Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite
Les sites internet des artistes :