Exposition Jean-Gilles Badaire 6 juillet/1er septembre 2013
Jean-Gilles Badaire
Il nous convie à une promenade intrigante à partir des pages de ses grands carnets, arrachées à leur spirale et annotées de chiffres, date d’exécution de l’œuvre. Chaque matin, il se rend de sa maison à son atelier annexe. Là, il jette littéralement une trace sur une page vierge avant de s’en retourner. De cette trace jaillira plus tard dans la journée une forme, un univers, un fantasme, un souvenir, qu’il travaille aux pigments de couleurs, à la colle à bois diluée à l’eau, à l’encre de Chine, à la cire, au brou de noix, aux crayons de couleurs, à l’huile de lin, au goudron de houille, à l’huile de vidange. De son geste enveloppant va sortir le motif.
De grandes œuvres au noir ont été réalisées spécialement pour cette exposition : paysages de nuit, avec huile de vidange et cendres, bouquet avec latex et aiguilles de pin, poisson inconnu. Cette ambiance nous projette dans une ambiance plus fantastique que morbide, celle de Jean Ray, H.H. Ewers ou Thomas Owen.
Jean-Gilles Badaire a d’ailleurs des liens étroits avec la littérature puisqu’il a illustré Gracq, Cendrars, Bataille, Segalen, Daumal, Noël ou Abeille. Couleurs, mots et traits sont ses armes pour matérialiser les mille et un entrelacs de sa pensée qui tissent relations, souvenirs et coïncidences.
L’artiste laisse décanter ses notes de carnets pour ses séries. Ici, des jeunes filles, de dos, contemplent un vide encadré d’évanescents voilages. L’innocence, marquée par les chevelures et les robes claires, signe l’enfance qu’elles quittent soudain pour le bal, puis le mariage.
La couronne de fleurs blanches s’oppose aux rouges fleurs mortifères dans leur pot noir. Et ce parcours solitaire bien que nuptial s’achève par une forme fantomatique.
Libre à vous d’interpréter et de relier ces œuvres à vos propres souvenirs. C’est la grande qualité de Jean-Gilles Badaire : nous ouvrir des portes dans lesquelles nous nous engouffrons avec un plaisir frissonnant.
Michel Amelin
Exposition ouverte du 6 juillet au 1er septembre 2013, du mercredi au dimanche de 15h à 18h, ou sur rendez-vous en contactant Mélanie Le Page, médiatrice du Centre d’art, au 02 40 98 08 64.
À découvrir : la page dédiée à l’artiste
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Exposition de Jean-Gilles Badaire vue par Jacky Essirard, poète et peintre (document à télécharger)