Exposition Olivier Rucay 9 février/7 avril 2013

 

 

Olivier Rucay : fragments de Loire

Artiste en résidence au Centre d’art de Montrelais, Olivier Rucay est diplômé des Beaux-Arts de Nantes où il vit et travaille comme enseignant dans des écoles d’arts appliqués. Plutôt plasticien que photographe, son travail consiste à « conserver cette émotion, cette sensation de la prise de vue » pour une « captation d’horizons ».

Les impressionnistes ont bénéficié de l’invention des tubes de peinture qui leur permit de sortir de leurs ateliers pour traiter ombres et lumières, en direct, sur les façades de cathédrales ou les meules de foin. Olivier Rucay bénéficie de la photographie. Il connaît bien la Loire pour l’avoir descendue et remontée en kayak pour jouir de sa lumière et de la vue des berges mouvantes, changeant aussi d’axes, par les ponts qui la traversent. L’artiste utilise divers procédés savants appelés aluminographie ou digigraphie qui conduisent l’image à être imprimée selon d’autres procédés comme la lithographie ou la sérigraphie sur des papiers choisis pour leur rareté, leur épaisseur, leurs fibres enfin qui les ramènent à cette nature dont ils sont issus.

Vous pourrez d’abord admirer une série de lithographies sur pierre éditée en partenariat avec le Centre d’art. Voulant couvrir d’autres paysages que ceux des ponts et du fleuve abordés avec les classes, Oliver Rucay s’est intéressé aux terres intermédiaires : les marais qu’il traite aussi en des dessins « vibratoires » au crayon sur de grandes feuilles. Captation de lumière et de mouvements d’un sol entre terre et eau ; miroir/écran rond, au sol, reflétant la « variation nuagée » d’un vidéo-projecteur fixé aux poutres, tête en bas ; ciel et eau, confusion de l’horizon : voilà sans doute autour de quoi tourne notre artiste.

Avec Rives de Loire 1, les images résultent d’un passage pour chaque couleur : cyan, magenta, jaune, noir, sur une presse lithographique. « Horizon et lumière sur trame très fine, encre sur papier Japon » nous annonce l’artiste comme un maître d’hôtel posant devant vous un dessert extraordinaire.

Pour Rive de Loire 2 et 3 : « digigraphie, impression numérique sur Papier Japon… à l’envers », c’est le comble du raffinement ! L’envers de ce papier Japon s’avérant plus absorbant pour les encres qui se diffusent autrement.

Olivier Rucay est attentif au processus pour obtenir le résultat qu’il veut. Avec cette exposition de vues de Loire (se prolongeant même par les fenêtres du Centre d’art !), il joue sur la mise au point, sur les petits et grands formats, sur le détail et l’ensemble, sur la superposition de motifs qui se complètent ou qui se fuient, qui s’avancent ou qui reculent. Et par la magie de la presse, de l’image travaillée, des pigments ; par la magie de ces papiers, ces photos n’en sont plus. Elles deviennent souvenirs ou fantômes, impressions ou rêveries, quintessence d’un air bleu, pur et froid, où l’on marche solitaire en quête d’absolu.

Ce flou n’est pas un flou. C’est le symbole de la rêverie intérieure, de l’introspection, mais aussi d’une certaine liberté : celle que l’on s’accorde dans notre monde de brutes si l’on accepte de retourner aux sources, en l’occurrence la Loire.

Michel Amelin

 

Exposition ouverte les samedis et dimanches du 9 février au 7 avril 2013, de 15h à 18h.

À découvrir : la page dédiée à l’artiste

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