Expo Béatrice Dacher 5 avril/8 juin 2014

BEATRICE DACHER, L’HISTOIRE DES CHOSES

Béatrice Dacher était en résidence dans le cadre du projet « Ecritures de Lumière », en partenariat avec la DRAC, la COMPA, le Centre d’art de Montrelais et La Maison Julien Gracq. Elle est intervenue dans deux classes de l’école Hugues Auffray de Couffé. Les résultats de ses interventions en CP, CE1 et CE2 sont exposés au rez-de-chaussée.

« Le Banquet » s’inscrit dans un projet personnel où l’artiste mêle cartes postales, recettes, invitations et sets de table photographiques. Les enfants ont dessiné et mis en forme des ingrédients en abordant la « nature morte ». Diaporama de huit cents images, exposition de formes en volume, photos-conclusion des deux banquets mis en scène par les enfants, cahiers personnels en consultation : voilà une intervention qui laissera un souvenir !

Et, justement, le souvenir est fil conducteur de l’exposition. Le titre « Des Choses » fait référence à des choses matérielles mais aussi à la parole. On « dit », on « raconte » des choses… D’une saison à Cholet où le fameux mouchoir rouge en 30cm sur 30cm, teinté du sang des Vendéens selon Théodore Botrel, est désormais pièce de musée, notre artiste arrive en Inde à Madras, capitale du textile mondial. Elle demande à un PDG d’entreprise de lui fabriquer un mouchoir de Cholet dix fois plus grand de 3m sur 3m. Il lui en fait quarante. Elle s’enquiert alors d’un éléphant sacré à la trompe décorée du signe de Ganesh. Il portera deux mouchoirs en parure et bénira notre artiste, actant ainsi le marché mondial mais aussi l’universalité des sentiments.

Le mouchoir ! Parlons-en. Autrefois il était indispensable et même spécialisé : naissance, communion, mariage, deuil, demi-deuil, mouchoir de cou, de tête, de nez. Mouchoir parfumé, mouchoir marron de mineur grand comme une serviette. Mouchoir agité sur le quai des gares. Mouchoir que la dame élégante laisse tomber négligemment pour ferrer le galant qui lui tourne autour… Désormais, vous aurez beau être la plus belle fille du monde, personne ne ramassera votre Kleenex ! Notre artiste est là pour raconter ses petites histoires passées : mouchoir de son grand-père sur lequel elle a brodé le texte d’une carte envoyée pendant la Grande Guerre, mouchoir brodé d’une lettre écrite à son père, mouchoirs avec impression photos dits de Berlin. Mouchoir d’Australie avec oiseaux partiellement brodés et mouchoirs peints d’éléments mystérieux, catalyseurs de mémoire.

Enfin, seul, et suspendu dans le vide, un mouchoir classique et blanc devient écran du flot de la Loire malmenant la bouée verte n°184 située juste en face de la Maison Julien Gracq à Saint-Florent-Le-Vieil. Les plis du mouchoir accentuent même la puissance du flot. Outre le lieu et la probabilité que Julien Gracq devait posséder des mouchoirs de ce type (que sa sœur repassait avec amour avant de les empiler dans l’armoire de famille), c’est à nous de déclencher notre imaginaire et de chercher d’autres correspondances entre l’artiste et l’auteur des « Eaux étroites », entre ses histoires et les nôtres.

Michel Amelin

 

Exposition ouverte du 5 avril au 8 juin 2014, les samedis et dimanches de 15h à 18h, ou sur rendez-vous en contactant Antoine Dalègre, médiateur du Centre d’art au 02 40 98 08 64.

Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite

À découvrir : la page dédiée à l’artiste

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